LE JEU DE LA REINE
de Karim Aïnouz GENRE : DrameUSA · 2024 · 2h · Vostfr
Avec : Alicia Vikander, Jude Law, Simon Russell Beale
Catherine Parr est la sixième femme du roi Henri VIII, dont les précédentes épouses ont été soit répudiées, soit décapitées (une seule étant décédée suite à une maladie). Avec l’aide de ses dames de compagnie, elle tente de déjouer les pièges que lui tendent l’évêque, la cour et le roi…
Après son très beau film La Vie invisible d’Euridice Gusmao, le brésilien Karim Aïnouz a impressionné cette année les festivaliers cannois avec son premier film en anglais, relecture modernisée de l’histoire oubliée d’une reine érigée en figure féministe. Avertissant d’entrée que l’Histoire se raconte souvent à travers des récits guerriers et le regard des hommes, le film donne ensuite à l’imagination du cinéma le pouvoir de faire revivre l’histoire méconnue de Catherine Parr. Au terme d’une importante phase de documentation sur l’histoire des Tudors, Karim Aïnouz et ses deux scénaristes – femmes – ont adapté le roman d’Elizabeth Fremantle en choisissant de resserrer leur focale sur les derniers mois de la vie du roi Henry VIII : « Il s’agissait de raconter la fin d’un mariage » précise-t-il. « Loin de vouloir faire un biopic qui tente de résumer une vie en deux heures, je voulais, dans cette courte période, cerner l’essence de cette femme ». Le résultat est un conte féministe sombre, dont la modernité repose sur le portrait de cette femme usant de son statut royal pour prôner une pratique religieuse différente, influencée par la pensée protestante, qui lui vaudra nombre d’ennemis : comme l’implique le titre français, la partie qu’elle devra s’appliquer à jouer s’apparente à un jeu d’échec, la contraignant à avancer dans l’ombre afin d’éviter les pièges tendus. Cette partie flamboyante se déploie au sein d’une mise en scène viscérale, nerveuse et sensible, com-posant un tableau pensé pour donner vie à la vision moderne du cinéaste. La puissance visuelle et sensorielle qui se dégage de la réalisation doit beaucoup à l’attention portée aux détails reconstituant l’époque et son atmosphère, et conférant au film une authenticité qui donne à sentir les odeurs, rend palpables les matières – rendons hommage aussi aux costumes remarquables. Et dans le rôle des deux protagonistes, Alicia Vikander impressionne par un mélange de courage et d’élégante sobriété, et Jude Law est proprement méconnaissable – certains ne le reconnaîtront qu’en voyant son nom au générique de fin. ⎥ Audrey Pailhès
de Karim Aïnouz GENRE : DrameUSA · 2024 · 2h · Vostfr
Avec : Alicia Vikander, Jude Law, Simon Russell Beale
Catherine Parr est la sixième femme du roi Henri VIII, dont les précédentes épouses ont été soit répudiées, soit décapitées (une seule étant décédée suite à une maladie). Avec l’aide de ses dames de compagnie, elle tente de déjouer les pièges que lui tendent l’évêque, la cour et le roi…
Après son très beau film La Vie invisible d’Euridice Gusmao, le brésilien Karim Aïnouz a impressionné cette année les festivaliers cannois avec son premier film en anglais, relecture modernisée de l’histoire oubliée d’une reine érigée en figure féministe. Avertissant d’entrée que l’Histoire se raconte souvent à travers des récits guerriers et le regard des hommes, le film donne ensuite à l’imagination du cinéma le pouvoir de faire revivre l’histoire méconnue de Catherine Parr. Au terme d’une importante phase de documentation sur l’histoire des Tudors, Karim Aïnouz et ses deux scénaristes – femmes – ont adapté le roman d’Elizabeth Fremantle en choisissant de resserrer leur focale sur les derniers mois de la vie du roi Henry VIII : « Il s’agissait de raconter la fin d’un mariage » précise-t-il. « Loin de vouloir faire un biopic qui tente de résumer une vie en deux heures, je voulais, dans cette courte période, cerner l’essence de cette femme ». Le résultat est un conte féministe sombre, dont la modernité repose sur le portrait de cette femme usant de son statut royal pour prôner une pratique religieuse différente, influencée par la pensée protestante, qui lui vaudra nombre d’ennemis : comme l’implique le titre français, la partie qu’elle devra s’appliquer à jouer s’apparente à un jeu d’échec, la contraignant à avancer dans l’ombre afin d’éviter les pièges tendus. Cette partie flamboyante se déploie au sein d’une mise en scène viscérale, nerveuse et sensible, com-posant un tableau pensé pour donner vie à la vision moderne du cinéaste. La puissance visuelle et sensorielle qui se dégage de la réalisation doit beaucoup à l’attention portée aux détails reconstituant l’époque et son atmosphère, et conférant au film une authenticité qui donne à sentir les odeurs, rend palpables les matières – rendons hommage aussi aux costumes remarquables. Et dans le rôle des deux protagonistes, Alicia Vikander impressionne par un mélange de courage et d’élégante sobriété, et Jude Law est proprement méconnaissable – certains ne le reconnaîtront qu’en voyant son nom au générique de fin. ⎥ Audrey Pailhès