MEMORY
de Michel Franco GENRE : DrameUSA · 2024 · 1h40 · Vostfr
Avec : Jessica Chastain, Peter Sarsgaard, Merritt Wever
Sylvia mène une vie simple, structurée par sa fille, son travail et ses réunions des AA. Pourtant, ses retrouvailles avec Saul bouleversent leurs existences, réveillant des souvenirs douloureux que chacun avait enfouis jusque-là.
Depuis sa révélation cannoise en 2012 avec Después de Lucía (Prix Un certain regard), le cinéaste mexicain Michel Franco propose des films dérangeants (Chronic, en 2015, avec Tim Roth en aide-soignant méticuleux pour personnes en phase terminale) et dans lesquels la violence surgit sans crier gare (Sundown, en 2021, dans lequel Charlotte Gainsbourg se trouve retenue dans une Acapulco aux mains des narcotrafiquants). La violence n’est pas exempte de Memory mais elle n’est pas graphique comme dans les films précédents du réalisateur. Tournée à New York dans des décors réels, cette histoire évite les ornières aliénantes de la comédie romantique traditionnelle pour donner à voir la rencontre de deux individus en marge de leur propre milieu. Sylvia et Saul sont incarnés par deux comédiens de talent. Jessica Chastain joue parfaitement de froideur, sans maquillage, pour camper une Sylvia refusant toute séduction, emmurée dans ses névroses. Face à elle, Peter Sarsgaard s’est vu récompensé à Venise pour sa prestation d’un Saul de plus en plus altéré par des éclairs de démence. Regardant leur monde depuis la marge où la vie les a conduits, ces deux-là vont parvenir à se rencontrer malgré leurs proches, bienveillants mais condescendants. La mise en scène fait la part belle aux plans-séquence où le jeu des comédiens se déploie (d’autant mieux que le film fut tourné dans l’ordre chronologique). Adossé à la psyché chancelante de Sylvia, le récit est plus tortueux qu’il n’y paraît et ménage son lot de surprises. La fin du film, apaisée à l’aune de l’œuvre de Michel Franco, pourra néanmoins faire débat. L’art de deux comédiens à son meilleur. ⎥ Nicolas Milesi
de Michel Franco GENRE : DrameUSA · 2024 · 1h40 · Vostfr
Avec : Jessica Chastain, Peter Sarsgaard, Merritt Wever
Sylvia mène une vie simple, structurée par sa fille, son travail et ses réunions des AA. Pourtant, ses retrouvailles avec Saul bouleversent leurs existences, réveillant des souvenirs douloureux que chacun avait enfouis jusque-là.
Depuis sa révélation cannoise en 2012 avec Después de Lucía (Prix Un certain regard), le cinéaste mexicain Michel Franco propose des films dérangeants (Chronic, en 2015, avec Tim Roth en aide-soignant méticuleux pour personnes en phase terminale) et dans lesquels la violence surgit sans crier gare (Sundown, en 2021, dans lequel Charlotte Gainsbourg se trouve retenue dans une Acapulco aux mains des narcotrafiquants). La violence n’est pas exempte de Memory mais elle n’est pas graphique comme dans les films précédents du réalisateur. Tournée à New York dans des décors réels, cette histoire évite les ornières aliénantes de la comédie romantique traditionnelle pour donner à voir la rencontre de deux individus en marge de leur propre milieu. Sylvia et Saul sont incarnés par deux comédiens de talent. Jessica Chastain joue parfaitement de froideur, sans maquillage, pour camper une Sylvia refusant toute séduction, emmurée dans ses névroses. Face à elle, Peter Sarsgaard s’est vu récompensé à Venise pour sa prestation d’un Saul de plus en plus altéré par des éclairs de démence. Regardant leur monde depuis la marge où la vie les a conduits, ces deux-là vont parvenir à se rencontrer malgré leurs proches, bienveillants mais condescendants. La mise en scène fait la part belle aux plans-séquence où le jeu des comédiens se déploie (d’autant mieux que le film fut tourné dans l’ordre chronologique). Adossé à la psyché chancelante de Sylvia, le récit est plus tortueux qu’il n’y paraît et ménage son lot de surprises. La fin du film, apaisée à l’aune de l’œuvre de Michel Franco, pourra néanmoins faire débat. L’art de deux comédiens à son meilleur. ⎥ Nicolas Milesi