Rendez-vous avec Pol Pot
de Rithy PanhGENRE : DrameFrance · 2024 · 1h30 · VF
Avec : Irène Jacob, Grégoire Colin, Cyril Gueï
Cambodge en 1978, trois journalistes français sont invités par les Khmers rouges à réaliser une interview exclusive du chef du régime, Pol Pot. Le pays semble idéal. Mais derrière le village Potemkine, le régime des Khmers rouges décline et la guerre avec le Vietnam menace d'envahir le pays. Le régime cherche des coupables, menant en secret un génocide à grande échelle. Sous les yeux des journalistes, la belle image se fissure, révélant l'horreur. Leur voyage se transforme progressivement en cauchemar. Rendez-vous avec Pol Pot est inspiré du livre de la journaliste américaine Elizabeth Becker, Les larmes du Cambodge : l'histoire d'un auto-génocide (When the War Was Over: Cambodia and the Khmer Rouge Revolution).
Première information essentielle : Rithy Panh s’est abstenu de toute représentation explicite de la violence. Le cinéaste cambodgien, rescapé des Khmers rouges, traumatisé, repasse du documentaire à la fiction, avec une grande maîtrise. Dans la forme, il entremêle très habilement des séquences mises en scène de manière classique, avec quelques images d’archives du régime et des scènes où les victimes sont représentées de manière symbolique par des figurines. Une grande leçon sur LES manières de représenter l’Histoire et les crimes de guerre ou comment faire comprendre l’horreur sans la montrer. Sur le fond, le cinéaste s’est inspiré du récit de Elizabeth Becker, fameuse journaliste au Washington Post, qui réussit, en 1978, avec deux collègues, à pénétrer dans un Cambodge cadenassé pour un séjour sous haute surveillance, avec in fine, une rencontre avec Pol Pot. Rithy Panh transpose cette histoire avec trois personnages français. Sachant néanmoins que ce changement lui permet de rappeler la formation universitaire française des hauts dignitaires du régime des khmers rouges. Le film s’inspire, en même temps, de la visite d’une délégation française du Parti communiste marxiste-léniniste de France (PCMLF) en 1978. Tout l’intérêt du film de Rithy Panh, en particulier aujourd’hui, est de montrer la NATURE totalitaire de l’ancien régime cambodgien. Comment un pays est littéralement coupé du reste du monde, comment une population est, du jour au lendemain, broyée, brisée. Le moindre espace de liberté (liberté de déplacement, d’expression, de vivre en famille…) est annihilé. Le cinéaste montre l’impossibilité rédhibitoire, pour les journalistes étrangers, d’envisager un début de travail d’investigation. Néanmoins, Rithy Panh rappelle que, malgré tous leurs efforts de propagande et de dissimulation, les Khmers rouges ne peuvent pas maquiller la réalité : le désastre économique, l’absence de vie, les visages blêmes, tristes des rares Cambodgiens croisés en disent plus longs que tout ; même si le personnage de l’intellectuel français joué par Grégoire Colin est d’abord, totalement fasciné et admiratif de « l’expérience idéologique » des Khmers rouges, refusant regarder la réalité en face. Cinquante ans après, Rithy Panh rappelle le triste et malheureux aveuglement de certains intellectuels, journalistes, écrivains français face à la tragédie cambodgienne. Comme souvent, Rithy Panh nous délivre une triple leçon particulièrement stimulante : une triple leçon d’histoire, de cinéma et de politique. ⎥ François Aymé
de Rithy PanhGENRE : DrameFrance · 2024 · 1h30 · VF
Avec : Irène Jacob, Grégoire Colin, Cyril Gueï
Cambodge en 1978, trois journalistes français sont invités par les Khmers rouges à réaliser une interview exclusive du chef du régime, Pol Pot. Le pays semble idéal. Mais derrière le village Potemkine, le régime des Khmers rouges décline et la guerre avec le Vietnam menace d'envahir le pays. Le régime cherche des coupables, menant en secret un génocide à grande échelle. Sous les yeux des journalistes, la belle image se fissure, révélant l'horreur. Leur voyage se transforme progressivement en cauchemar. Rendez-vous avec Pol Pot est inspiré du livre de la journaliste américaine Elizabeth Becker, Les larmes du Cambodge : l'histoire d'un auto-génocide (When the War Was Over: Cambodia and the Khmer Rouge Revolution).
Première information essentielle : Rithy Panh s’est abstenu de toute représentation explicite de la violence. Le cinéaste cambodgien, rescapé des Khmers rouges, traumatisé, repasse du documentaire à la fiction, avec une grande maîtrise. Dans la forme, il entremêle très habilement des séquences mises en scène de manière classique, avec quelques images d’archives du régime et des scènes où les victimes sont représentées de manière symbolique par des figurines. Une grande leçon sur LES manières de représenter l’Histoire et les crimes de guerre ou comment faire comprendre l’horreur sans la montrer. Sur le fond, le cinéaste s’est inspiré du récit de Elizabeth Becker, fameuse journaliste au Washington Post, qui réussit, en 1978, avec deux collègues, à pénétrer dans un Cambodge cadenassé pour un séjour sous haute surveillance, avec in fine, une rencontre avec Pol Pot. Rithy Panh transpose cette histoire avec trois personnages français. Sachant néanmoins que ce changement lui permet de rappeler la formation universitaire française des hauts dignitaires du régime des khmers rouges. Le film s’inspire, en même temps, de la visite d’une délégation française du Parti communiste marxiste-léniniste de France (PCMLF) en 1978. Tout l’intérêt du film de Rithy Panh, en particulier aujourd’hui, est de montrer la NATURE totalitaire de l’ancien régime cambodgien. Comment un pays est littéralement coupé du reste du monde, comment une population est, du jour au lendemain, broyée, brisée. Le moindre espace de liberté (liberté de déplacement, d’expression, de vivre en famille…) est annihilé. Le cinéaste montre l’impossibilité rédhibitoire, pour les journalistes étrangers, d’envisager un début de travail d’investigation. Néanmoins, Rithy Panh rappelle que, malgré tous leurs efforts de propagande et de dissimulation, les Khmers rouges ne peuvent pas maquiller la réalité : le désastre économique, l’absence de vie, les visages blêmes, tristes des rares Cambodgiens croisés en disent plus longs que tout ; même si le personnage de l’intellectuel français joué par Grégoire Colin est d’abord, totalement fasciné et admiratif de « l’expérience idéologique » des Khmers rouges, refusant regarder la réalité en face. Cinquante ans après, Rithy Panh rappelle le triste et malheureux aveuglement de certains intellectuels, journalistes, écrivains français face à la tragédie cambodgienne. Comme souvent, Rithy Panh nous délivre une triple leçon particulièrement stimulante : une triple leçon d’histoire, de cinéma et de politique. ⎥ François Aymé